Et c’est la tête dans les nuages que nous arrivons aujourd’hui sur une ile verte, flottant au milieu d’un océan humain, après avoir affronté les âmes perdues et hurlantes des véhicules, dans l’obscurité d cela route suspendue, telle la catabase d’Orphée.

La maisonnette à pans de bois où défilent de temps à autre les personnages des comptes de Grimm se trouvait au point culminant de ses ténèbres. Quelqu’un semble entretenir ses majestueuses vignes, et pourtant l’endroit est encore plus déshumanisé et vide que la cervelle de Spike.

La prairie de cette architecture allemande de la taille d’une maquette est un cercle vicieux o?u l’on tourne machinalement, jusqu’à ce qu’une idée étrangère s’implante dans notre subconscient par les panneaux directifs manipulateurs qui pratiquent l’inception à ses prisonniers rêvassants dans leurs quatre roues à effet de serre.

Ohhhh toi, petit espace éphémère, ne te sens donc tu pas seul et sans vie ?
Tu laisse le mode profiter de toi chaque jour, sans que jamais personne ne ce soucie de toi. L’indifférence ne te fait elle pas souffrir ?

Une voiture, deux bus, un camion, trois autres voitures et la mobylette de Joachim Mogarra traversent le ciel à toute allure, martelant l’atmosphère avec un certain « BIIP BIIIIIIP » juste au dessus de nos tête telle une armée inéluctable de Woody woodpecker. Ce brouhaha incessant semble être devenu maître du lieu.

Un jour
quelqu’un a dit que
ces petits cailloux poreux
égarés
par le Petit Poucet
allaient croitre
jusqu’à devenir arase
pour les nains de jardin.

Le réverbère tourne de l’oeil, et ses fleurs en bouquet semblent écrasées par le vide pesant. Leurs courbes appellent à l’aide. Elles luttent pour ne pas mourir. Elles seules sont capable de se sauver de la réalité assassine, parce qu’elles peuvent vivre encore et toujours d’écriture et de mémoire.

Quant au prospère Ibis aux allures candides de Château de Bran semble dominer dans une époque qui n’est pas la sienne.

Les brouillons mutent, des idées s’échappent et d’autres se font prisonniers de l’encre indélébile sur le support de la liberté
Cela fait des heures que l’on roule.
Vroum vrouuuuum.
Linéarité linéaire des lignes des zones industrielles qui se dessinent et s’enchainent.
Bof, triste.
Puis des champs. ENCORE des champs.
Champs route champ route….
J’ouvre les yeux. Combien de temps ai-je dormi ?
Le temps : notion conceptuelle sur l’autoroute.
Reprenant mes esprits, je le vois : LE carrefour.
Tourner tourner tourner manège ! Quelle sortie prendre, mais où allons nous aller ? Mystère et bouchon de bière c’est partit pour l’aventure.
BOUM.
La voiture s’arrête, nous avons percuté quelque chose.
Un rocher.
Ce colossal caillou ouvre soudain les yeux. Etourdi, il se lève et nous présente ses minérales excuses : monsieur n’a pas pris son café ce matin.
La fusée à roulette est pliée, nous décidons d’aller demander de l’aide au propriétaire du château qui se trouve à côté.
Lorsque nous arrivons, un chêne nous barre le passage. Gardien du château, il réclame une chanson en franglais car, par manque de caféine, il est d’humeur bambou. Attendrie par la comptine que me chantait ma maman, il nous laisse passer avec un grand sourire.
Une loooooooongue file d’attente : trolls, fées, cailloux, lutins et même la team alien bazar sont présents. Je m’adresse aux 7 nains devant nous afin de comprendre ce qu’il se passe.
Pénurie de café. Seul le malin, propriétaire du château en possède un stock énormissime qu’il a décidé de partager.
C’est après bien 1, 4, 8, 2 ou bien 12 quarts d’heures que nous arrivons à l’entrée.
Surprise étonnamment surprenante.
Le malin est si peu imposant pour tant de respect. Ce n’est rien qu’une crevette d’eau douce au sens propre, transportée dans un aquaribulle, tel un roi par 4 chatons de corps.
Et, fort étonné de voir, pour la première fois, des hommes à deux pattes, c’est avec grand plaisir qu’il nous cède un carrosse mais à une condition : que l’on accepte de prendre un selfish avec lui, histoire de pimenter sa page facebook.
Voilà.